Coeur pur

La jolie église de Triel est pleine à craquer. Dans le choeur, les petits habillés de blanc. Derrière, les parents.

Le curé ressemble à un camionneur repenti. Un barraqué aux volumineuses bacchantes et cheveux blancs sur chasuble vert pomme. Une carrure !
A peine moins démago que le précédent curé affecté à cette paroisse.
Il est assisté d'un jeune prètre brésilien dont on nous annonce le récent succès au diplôme de médecin. Physiquement, c'est l'antithèse de son acolyte avec son teint hâlé et son casque de cheveux noirs.

En haut des marches qui mènent à l'autel, une jeune diva déguisée en dame patronnesse mène les cantiques d'une voix magnifique. Elle dirige sa troupe d'agneaux de Dieu dépourvus de sens du rythme. Son bras droit semble animé d'une vie propre, ondulant sans trève et en mesure tout le temps du chant, tel un cobra devant un charmeur de serpents. Michel est hypnotisé, Alexandra se gausse, Tonton est recueilli.

Heureusement, les enfants sont remplis de la solennité du moment. Ils entourent l'autel et chantent à pleine voix malgré les chuchottements des fidèles, qui se taisent brusquement lorsque Manu s'installe au pupître et entame de sa voix puissante la lecture des textes sacrés.

Vingt et un gamins et gamines, tous habillés de blanc, vivent enfin la cérémonie qu'ils ont répétée les jours précédents. Ils arrivent en rang, gagnent à pas mesurés leurs places sur les bancs, se lèvent et s'agenouillent selon les gestes du prètre et enfin communient, marquant ainsi leur entrée dans le clan des grands.


Jérôme est habillé pour la circonstance d'un magnifique costume, ponctué d'une discrète tache de couleur, un noeud papillon bordeaux. Exploit de Corinne pour l'avoir maintenu aussi immaculé jusqu'au moment fatidique ! Son beau sourire illumine un peu plus son regard. Au moment de l'accolade de paix, il cherche les siens dans l'assistance mais n'a pas le temps d'embrasser tout le monde.

Nous échangeons l'accolade avec les gens autour de nous. J'ignorais cette coutume de l'église catholique. J'ai aimé ce moment fraternel.

A l'issue de la cérémonie, cinq familles sont restées dans l'église pour faire baptiser leurs bébés. Parmi elles, pluieurs familles indiennes habillées de costumes à la Nehru et de très élégants saris aux couleurs chatoyantes.

Les petits communiants ont encore dû rester sages quelque temps sur les marches de pierre pour la séance de photos. Et ils sont repartis, chacun avec une petite prière de bénédicité à prononcer avant le repas de fête en famille.

Corinne avait préparé un excellent cocktail fruité, que nous avons bu dans le jardin, et un filet mignon de veau au curry avec du riz. Un délice !
L'heureux Jérôme a reçu une petite montagne de cadeaux, parmi lesquels un ordinateur, fruit d'une collecte familiale !

La fête a battu son plein jusqu'en fin d'après-midi en l'honneur de Jérôme, grâce à Corinne et Manu et grâce à la dicrète Tina aussi. Elle s'est terminée juste avant que les adultes, censés représenter l'autorité et la maîtrise de soi, ne sombrent dans le champagne que Fabienne voulait bleu (couleur de ses idées politiques) alors que j'en réclamais du rouge, évidement. Une bien belle journée pleine d'affection et du plaisir de se retrouver que nous avons prolongée avec Tonton, le temps du trajet en train jusqu'à Saint-Lazare.

dimanche 17 juin 2007 à Triel-sur-Seine, mon filleul a fait sa Première communion.