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10 juin 2007

Brouzailles







Chronique de l'impasse (été)

L'ombre recouvre maintenant une bonne

partie du jardin. L'odeur de la menthe commence à monter après une journée écrasante de

chaleur. Le hamac se balance doucement. Elle lit, assaillie d'émotions : l'intrigue de son roman,

les parfums qui montent du jardin, les voix des passants, là, juste derrière la barrière de canisses.


Le clapet de la boîte aux lettres se fait entendre. Sûrement encore un gosse qui jette sa peau de banane en passant. Des voitures démarrent, des portières claquent. Elle regarde le manège des oiseaux, à l'heure où les insectes tournent en rondes infernales sous le sureau dont les branches débordent au-dessus de la rue.

Lui, soufflant sa fumée de cigarette : « Tu savais que le sureau attire les merles et les coccinelles ? »

- "Mmmmh ?"

Douceur d'une fin d'après-midi de vacances.


Le couple d'enseignants retraités, ceux de la maison rose, entre dans l'impasse, de retour de sa promenade. Coup d'oeil furtif vers la brouette retournée et le tas de mauvaises herbes resté au milieu de l'allée. Ils se poussent du coude. Madame chuchotte à l'oreille de son mari. Ils ont vu le hamac occupé et les outils abandonnés, signes d'un laisser-aller condamnable. Mais ils continuent leur chemin, dignes dans leurs tenues seniors-dans-le-coup-décontractés.


Une troupe de gamins s'engouffre dans la ruelle en se poursuivant, rigolards, rouges, s'aspergeant avec le reste d'une bouteille d'eau.

Elle va ramasser les outils, ouvre la boîte aux lettres, résignée à récupérer toutes les peaux de banane du quartier. A l'intérieur, un bout de carton maladroitement calligraphié : « coupe TouTe vos BrousaiLLe ». Elle retourne le carton, intriguée, le montre à son compagon. Ils échangent un regard interrogateur, puis éclatent de rire.

M'man, eh M'man ! Une tête brune s'avance au-dessus de la barrière emberlificotée de lierre, et un grand gaillard surgit, tout sourire, lui claque deux gros baisers sur les joues.

- Ça va M'man ?

- Oui mon grand ! Je ne t'ai pas entendu arriver.

- Ben, j'me gare pas devant la maison parce que ton arbre là, avec les petits fruits, ça tombe sur ma voiture et

ça salit la carrosserie.

- Ah bon ? Ah ?

C'est pour ça alors qu'il faut que je coupe toute ma «brouzaille » ?







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