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17 août 2007

Exploits et précarité : les handi aussi !




Le Parisien, vendredi 17 août 2007

Un jeune Américain handicapé a effectué un salto arrière avec sa chaise roulante. Un autre handicapé, celui-là mental (autisme), est parvenu à énumérer de mémoire 22 514 chiffres du chiffre Pi sans la moindre faute!

Dans les deux cas, la prouesse a été réalisée en public avec tous les moyens médiatiques pour donner aux événements le plus grand retentissement possible.

Salto arrière en fauteuil roulant

Une dépêche de l’AFP du samedi 11 août a annoncé l’exploit réalisé par un jeune Américain handicapé, Aaron Fotheringham, âgé de 14 ans et originaire de Las Vegas, qui a effectué un salto arrière avec sa chaise roulante. Cette performance a été réalisée pour la première fois en Allemagne à Schwalbe (ouest), à l’occasion d’un rassemblement de personnes en fauteuil. Aaron Fotheringham s’est engagé sur une rampe pour prendre de l’élan avant de faire un spectaculaire salto arrière, accroché à son fauteuil roulant. Ce jeune homme a révélé son talent particulier pour la première fois il y a un an en Californie. Sa mère raconte que son fils a toujours été très habile avec son fauteuil. Un jour, son frère l’emmène sur des rampes de skate-board, où Aaron se révèle être un talentueux acrobate. Il s’entraîne depuis tous les jours.

Le génie des chiffres

Le journal Le Monde dans un article intitulé "Les chiffres comme langage" relate le don étonnant de Daniel Tammet, 28 ans, qui vit en Grande-Bretagne. Cet homme est doté d’une mémoire visuelle hors du commun qui lui permet d’exceller de façon prodigieuse dans la maîtrise des chiffres et des langues. Surnommé l’ "homme-ordinateur", il ne "calcule" pas lorsqu’il multiplie deux nombres : la solution lui apparaît quasi instantanément sans effort conscient. Daniel maîtrise aussi une dizaine de langues : l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’espéranto, le finnois, le français, le gallois, le lituanien, le roumain et l’islandais. Il a assimilé cette dernière, pourtant très difficile, en l’espace de quatre jours passés à Reykjavik.

A Salt Lake City, Daniel a rencontré le plus célèbre "savant" autiste, Kim Peek, l’homme qui servit de modèle au Rain Man, incarné en 1988 par Dustin Hoffman.

Le quotidien conclut en disant que par son exemple, Daniel aide à combattre les préjugés qui accablent les autistes : "En récitant le nombre Pi, je voulais leur dire qu’un handicap n’est pas un obstacle fatal." Alibi de bon sentiment ? Non, le journal a déjà montré son intérêt pour ce handicap. Mais est-ce le cas des divers médias qui opèrent sur internet ? C’est moins sûr. On en voit qui se contentent de mettre à leur "une" la photo du jeune en fauteuil roulant effectuant son salto spectaculaire, pour le côté étonnant et racoleur de l’image, mais sans ajouter ni commentaires ni lien. Cela n’a rien d’odieux bien sûr mais cela n’apporte pas assez au visiteur sur la question du handicap.

Commentaires sur ces informations

On peut être partagé devant ce genre de spectacle. D’un côté, on en voit l’utilité. Les personnes handicapées font ainsi parler d’elles et gagnent un peu de fierté. Le cas de Daniel peut même aider la science, il fait l’objet d’observations et d’études pour aider à comprendre l’origine de ses dons si particuliers. D’un autre côté, on peut suspecter certains médias d’exploiter le filon du sensationnel et de l’image racoleuse pour faire vendre et parler d’eux. On pourait même y voir la survivance, mais édulcorée et plus respectueuse, des lancers de "nains" et expositions de monstres de foire du début du XXe siècle. Ces personnes étaient d’ailleurs consentantes aux actions dévalorisantes que des personnes avides leur faisait vivre, car elles étaient intéressées à l’affaire.

Toute cette médiatisation ne saurait faire oublier que des prouesses sont accomplies tous les jours par les personnes handicapées dans leur vie quotidienne. Dans les moindres gestes de la vie courante. Mais nous avons parfois tendance à l’oublier ou bien nous ne l’avons jamais su parce que nous ne nous sommes jamais mis à la place d’une personne handicapée pour vivre l’une de ses journées. Ce serait sans doute humainement plus enrichissant. Certaines expériences pédagogiques, mais trop peu nombreuses, sont menées d’allieurs en ce sens.

Les mêmes droits pour tous

Un traité des Nations unies pour des droits égaux et une existence digne pour les personnes handicapées a été approuvé par l’Assemblée générale qui s’est tenue le 13 décembre 2006. Après cinq ans de négociations, le texte de la Convention a été officiellement approuvé, à New York sous la devise "Nothing about us without us (rien à notre sujet sans nous)".

Extrait de l’article 1er de la Convention : la prise en compte du handicap par les gouvernements permettra "d’assurer la jouissance pleine et entière par les personnes handicapées, sur un pied d’égalité, de tous leurs droits de l’homme et de toutes leurs libertés fondamentales."

D’après les estimations, 10 % de la population mondiale sont des personnes handicapées. La situation des personnes handicapées est principalement difficile dans les pays en voie de développement, mais partout dans le monde, ces personnes doivent faire face à la discrimination qui a une influence sur tous les aspects de la vie. Elles ont souvent moins accès à l’enseignement, au marché de l’emploi, à l’information ou aux biens de première nécessité et donc ces dernières font souvent partie des personnes les plus défavorisées, dans chaque société civile.

Le but principal est donc un changement radical d’attitude envers les personnes handicapées, partout dans le monde.

Le Parlement européen a d’ores et déjà appelé les pays européens à ratifier cette convention : le processus de ratification a débuté en mars 2007.

Pour voir la convention et connaître les associations qui ont participé à sa naissance, voir ce site :

Les mêmes droits pour tous.



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