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19 janv. 2008

Aimez-vous votre métier ?



Mon métier, je l'ai appris sur le tas. D'usine en magasins, de missions d'intérim en défis relévés, c'est dans un bureau que j'ai atterri. Mais pas n'importe quel bureau : un de ceux où se prépare la publication d'un journal. Oh, je n'y oeuvre pas pour publier ma prose, ni pour mettre en page celle des autres.


Non, c'est plus simple et beaucoup plus ordinaire. Je suis l'assistante de tous ces artistes de l'information. Quoi de plus banal aujourd'hui que le métier d'assistante ? Mais quoi de plus varié d'une entreprise à l'autre, et même d'un journal à l'autre ?


Au début, la timidité me paralysait d'avoir à m'occuper de cette revue, vieille dame quasi centenaire. L'esprit est le fond qui y manque le moins. A la moindre erreur de ma part toute l'équipe en ferait, j'en étais sûre, des gorges chaudes. Et je serais affublée à vie d'un lourd et indélébile sobriquet, si l'on voulait encore de moi. Sans compter la culture qui me manquait. Je redoutais et vénérais les plumes qui y sévissaient avec rigueur et talent.


Mais je découvris bientôt l'humilité de la plupart d'entre eux. Etait-ce la proximité des gens qu'ils côtoyaient pour relater leurs découvertes à nos lecteurs ? Le contact avec des érudits force la modestie si l'on en manque. Quel repos de l'esprit après le monde du commerce, basé sur les apparences !


Rapidement, je compris combien je pouvais leur être utile. Ils se posaient en ennemis des basses considérations budgétaires et administraives. Certains se montraient réellement démunis. Je suis devenue celle qui les sauvait devant un formualire à remplir, le calcul d'un salaire, ou l'outrecuidance d'un ordinateur, machine qui leur jouait des tours pendables. J'ai pris ma place au sein de l'équipe, rouage bien graissé, disponible et motivée, payée en retour de respect et de considération. Ce qui faisait passer au second plan l'absence d'augmentation.


J'ai appris à mentir avec le sourire pour leur éviter qui une visite importune, qui les foudres de la direction financière, ou encore les appels répétés d'une épouse soupçonneuse. Pendant douze ans, j'ai lu avec application les épreuves juste sorties de l'imprimerie, consigné patiemment des milliers de références, d'adresses et de contacts qui se perdaient mystérieusement au hasard d'un bureau en désordre. J'ai photocopié des dizaines de passeports, établi des douzaines de suppliques et d'attestations de toute sorte permettant d'obtenir un visa là où les frontières étaient fermées, commandé des kilos de fournitures aussitôt consommées ou égarées, ouvert des mètres cube de courrier, organisé d'innombrables collectes et commandé des hectolitres de champagne pour fêter les événements marquants. La liste serait trop longue des tâches d'une assistante. Surtout qu'elle n'est jamais exhaustive.


Il n'y a pas plus indéfini comme métier : on peut quasiment tout y mettre, tout ce qu'on ne peut pas confier à ceux dont les fonctions sont directement liées au succès du magazine. Mais quel plaisir de se sentir utile, quelle variété dans les tâches ! Quelle liberté aussi, même si son corrollaire est le sempiternel « débrouille-toi », qui fait passer de la colère noire au rire inextinguible.


Je n'ai pas la fibre servile. J'ignore si je saurais répondre à l'attente de clients exigeants comme dans le secteur de l'hôtellerie par exemple. Mais je suis fière de servir ces talentueux journalistes, unis que nous sommes pour la diffusion d'informations dont nous sommes convaincus de l'utilité.


Depuis quatre ans, j'ai décidé de me joindre à l'élaboration des pages en me formant à la relecture et à la correction. Une profession qui me passionne, prolongement logique de la précédente puisqu'il s'agit toujours d'assister, soigner et peaufiner, en un mot valoriser le travail des autres. Je songe maintenant à l'exercer depuis mon domicile et trouver le temps, si possible, d'écrire moi aussi quelques articles. Ce que je souhaite continuer au-delà de la retraite, tant que mes forces me le permettront et que m'animera l'amour de l'écrit.



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