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18 janv. 2008

Tu seras un homme, mon fils



Il y a des gens de l'âge de mon fils qui pensent que Blanche-Neige et Mowgli sont sortis de l'imagination de Walt Disney. Alors qu'il n'a fait que reprendre des oeuvres, devenues classiques, dues à Jacob Grimm et Rudyard Kipling.





Kipling a écrit bien d'autres contes et poèmes, dans une langue accessible et vivante.

L'histoire de l'Enfant d'éléphant plein d'une insatiable curiosité me ravissait particulièrement étant petite. D'ailleurs, personne chez nous ne peut prononcer le mot « serpent » sans que les autres y ajoutent en choeur « python-bicolore-de-rocher ».
Et puis
« j'm'en fiche, j'ai la peau dure », réplique si utile dans la vie, nous vient tout droit de ce personnage. C'est quelqu'un cet enfant d'éléphant !





Rudyard Kipling est mort un 18 janvier. Il nous a laissé beaucoup.
Je me récite de temps en temps un des poèmes de Kipling qui représente à mes yeux une définition de l'humain à laquelle j'aimerais tant ressembler.

Le voici pour S. mon fils, pour toi, pour moi pour tous les autres.

Tu seras un homme mon fils

traduit par André Maurois en 1918


Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.



tiré de Si : Tu seras un homme, mon fils de Guillaume Reynard, éditions Flammarion


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