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28 janv. 2008

Le bridge



Le bridge, ou la part d'ombre en nous
qui pourrait être lumière



Cette étrange pensée a commencé à germer dans mon esprit quand il devint évident que mon corps me trahissait une fois de plus : le bridge était de nouveau là ! Ou plutôt, il s'était réveillé et il allait falloir compter avec lui.


Mais je ne voulais pas le prendre trop au sérieux. Déjà qu'il avait le pouvoir de modifier ma perception des choses, visions, sensations, fonctionnement et sûrement autre chose que je découvrirais au fur et à mesure.


La représentation du bridge dans la littérature est souvent associée à une sorte de démon. C'est le terme de possession qui ressort le plus souvent. Je ne me sens pas possédée mais habitée. Mon corps devient par moments étranger à moi-même, habité par cette chose qui le rend lourd, poussif, douloureux parfois, et complètement sourd à mes injonctions conscientes ou réflexes.


Le nommer démon ne me plait guère. En effet, le bridge n'est pas extérieur, il n'arrive pas un beau jour pour entrer en vous et tout bouleverser. Non, je crois qu'il est toujours là, en chacun de nous. Et un jour il devient fou et vous montre par ses facéties qu'il veut de l'attention, qu'on l'a trop longtemps ignoré.


Car, même lorsqu'il ne se manifeste pas par des désordres physiques ou psychiques, il requiert de l'attention. Comme de faire sa toilette tous les jours ne demande que peu d'effort et juste une habitude bien ancrée, agréable et salvatrice, l'attention au bridge doit être constante. L'ignorer c'est le fâcher, s'exposer à sa vengeance ironique et devoir parfois cesser toute activité pour ne s'occuper alors que de lui.


Même lorsqu'il a commencé à s'agacer en me provoquant d'infimes symptômes, de petits rappels à l'ordre sans conséquence, je ne compris pas que c'était sa voix sans timbre qui m'appelait. Je continuai mon chemin caillouteux, en croyant qu'il suffisait de me persuader que c'était le bon ou qu'il serait trop compliqué d'en changer.


Et puis les choses empirant, il a fallu rester immobile plusieurs mois, ingurgiter des kilos de comprimés et des litres de potions pour qu'enfin je comprenne. Je suis née dure d'oreille.


C'est alors que je me suis posé des questions. Pourquoi ? Pourquoi cela m'arrive à moi ? Pourquoi ai-je raté une marche dans un escalier que je pratique depuis vingt-cinq ans et que je connais par coeur ? Pourquoi ai-je laissé les événements m'atteindre au point de développer une maladie auto-immune, manifestation extérieure d'un stress intérieur devenu insupportable ? Pourquoi ai-je accepté d'être malade ?


Parce que j'ai ignoré le bridge. Parce que, même aujourd'hui où j'ai l'air d'avoir tout compris, peut-être que je doute encore de son existence, et que si je l'accepte cela remet en cause tant de choses.




Alors ? Faut-il aller voir un exorciste ? Un psy ? Un gourou de médecine chinoise qui va me dire à quel point j'ai ignoré ma vraie nature pendant toute une vie et comment je dois suivre la voie de la Lumière ?


Je crois que tout ça est bien inutile. Il n'y a que moi qui puisse décider de me réconcilier avec le bridge. Et je ne sais ni comment procéder ni par où commencer.



«Le surnaturel n'étant pas d'un usage pratique ni régulier, il est sage et décent de n'en pas tenir compte.» [ Marcel Aymé ] - Extrait de La vouivre


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