Bonjour à vous qui passez par là. Merci de votre visite. Laissez-moi un petit commentaire, ça fait toujours plaisir.

18 févr. 2008

Parrainage morbide


"J'ai demandé au gouvernement, et plus particulièrement au ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, de faire en sorte que, chaque année, à partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d'un des 11.000 enfants français victimes de la Shoah", a dit Nicolas Sarkozy au cours d'un diner au CRIF.

"Les enfants de CM2 devront connaître le nom et l'existence d'un enfant mort dans la Shoah. Rien n'est plus intime que le nom et le prénom d'une personne. Rien n'est plus émouvant pour un enfant que l'histoire d'un enfant de son âge, qui avait les mêmes jeux, les mêmes joies et les mêmes espérances que lui", a-t-il ajouté.

La décision du Président est toute personnelle, elle n'a été débattue ni avec les enseignants et les associations de parents d'élèves, ni à l'Assemblée Nationale.



Impulsion généreuse ou manipulation ?


Cette déclaration ayant eu lieu au sein d'une institution juive, elle fait peser un soupçon de « hiérarchisation » des victimes de la barbarie. Chaque communauté religieuse ou ethnique va-t-elle se lever pour porter ses victimes sur le devant de la scène ? Le risque d'une nouvelle division au sein du pays pointe dangereusement.


Ce qui scandalise surtout, c'est la crainte de charger les enfants de 10-11 ans d'un traumatisme et d'une culpabilité qu'ils n'ont pas à porter. « S'identifier à un enfant mort », comme le dit Simone Veil, ancienne ministre et déportée à l'âge de 16 ans, c'est « une mémoire beaucoup trop lourde à porter ».

Et puis, si cela se faisait, ils questionneraient forcément leurs enseignants et leurs parents : « Et toi Pépé qu'est-ce que tu faisais pendant la guerre ? ». Ah zut ! un grand-père allemand, de religion protestante... De quoi multiplier les bagarres dans les cours de récréation et alimenter directement le racisme et la xénophobie, qui ont déjà empoisonné des dizaines de générations.



Enseigner l'Histoire, ce n'est pas faire de l'émotion, c'est analyser des événements.


La vraie question, et qui ne date pas d'aujourd'hui, est celle de l'enseignement de l'Histoire. Un enseignement démocratique, qui mette en lumière les différents contextes sociaux et politiques qui ont entraîné les périodes sanglantes de notre histoire. C'est primordial pour aider les enfants à devenir adultes et citoyens : leur apprendre justement à dépasser l'émotion pour analyser les situations.


Bien sûr qu'ils doivent savoir qu'ont existé la St-Barthélémy, le nazisme, la traite des Noirs, l'escalavage, le colonialisme, la Terreur, l'Empire et son Code Civil qui consacrait l'incapacité juridique des femmes. On doit leur en expliquer les conséquences dramatiques. Tout est dans la façon d'en parler. Qui peut faire naître la peur - mère de la haine - ou au contraire, le désir de défendre des valeurs humanistes en étant acteur de sa vie personnelle et sociale.



13 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est du n'importe quoi, comment expliquer à un gamin qu'il ya des niveaux dans la Tuerie. Le génocide Rwandais, Arméniens, les morts Palestiniens et Israeliens, Le gazage des Kurdes, l'épuration ethnique au Darfour, celle en ex Yougoslavie, toutes ces tueries ont-elles moins d'importances, parce qu'elles ne sont pas françaises ? Comment un enseignant expliquera-t-il à un jeune Français, d'origine mahrebine, qu'il doit "porter" le cadavre d'un juif et en même temps lui dire que le conflit au proche-orient ne peut être importé en France ?

Anonyme a dit…

Ah, j'oubliaais, tu es "tagué" Bab, c'est un petit jeu de mots qui consiste à dire 6 ou 7 choses que tu aimes. viens voir chez moi l'article, la règle est +/- expliquée, bien sur aucune obligation, rien que de l'humour.

Bab a dit…

Non, bien sûr, elles ont autant d'importance. Il n'y a pas à mettre en avant une tuerie par rapport à une autre. Toutes sont aussi cruelles et injustes les unes que les autres.

En revanche, je ne vois pas en quoi l'origine des enfants devrait changer quoi que ce soit. Ce n'est pas le fait qu'il s'agisse de Juifs qui est en cause. Peu importe l'origine et la religion d'un enfant (ou d'un adulte)assassiné par un régime raciste : c'est le fait qu'il soit tué déjà, mais surtout A CAUSE de sa religion ou de son origine qui est insupportable, inadmissible et à combattre.


Les enfants doivent apprendre la valeur de l'humain, quelle que soit sa condition, son origine, sa culture et ses convictions philosophiques et religieuses.

Si un dictateur décidait de faire assassiner tous les droitiers bruns, tous les blonds gauchers devraient se lever à leurs côtés pour empêcher ça, même si les gauchers étaient persécutés ailleurs dans le monde par les droitiers.

Bab a dit…

Je vais aller voir ce que c'est que d'être taguée. J'ai lu ça sur des blogs mais j'avoue que je n'ai pas encore compris en quoi ça consiste.

Anonyme a dit…

J'ai parlé de l'origine des enfants, car Sarkozy à déclaré que c'est parce qu'ils s'agissaient d'enfants Français juifs, qu'un petit français d'aujourd'hui parraine. il me semble que c'est nationalisé L'Histoire, alors que la multiculturalité s'installe sur les bacs de l'école. L'exemple maghrebin, peut aussi être celui d'un petit d'origine Algérienne, à qui on demandera de parrainer un cadavre Français, on demandera au fils d'un réfugié Rwandais de parrainer un cadavre Français. Ce que je voulais dire, en parlant d'origine, c'est que l4histoire de France est mêlée à l'Histoire du Monde, elle ne peut s'enseigner seule, la Shoah fait partie de l'Histoire de l'Homme, au même titre que d'autres tueries. Je ne crois donc pas qu'un petit Français d'origine Arménienne puisse parrainer un cadavre Français, si le Génocide Arménien ne prenne pas sa place dans les cours d'Histoire.

Bab a dit…

Je suis d'accord : l'Holocauste fait partie de l'histoire de l'Humanité : les Tsiganes, les communistes, les homosexuels, les Républicains espagnols en savent quelque chose.

Bien sûr que Sarkozy, qui a inventé le Ministère de l'identité nationale (!!!), parle d'enfants français juifs. Il voudrait sans doute d'un enseignement nationaliste.

Mais si parrainage il devait y avoir, le fait que l'enfant tué jadis soit français n'a pas beaucoup d'importance à mes yeux. Ce qui compte c'est le fait qu'il ait été victime de racisme et d'ostracisme. Et n'imorte quel enfant, de n'importe où qu'il vienne, devrait pouvoir apprendre à le considérer comme un des siens à cause de l'injustice qui lui a été faite.

C'est cela me semble-t-il que doit contenir l'enseignement et le devoir de mémoire qui se doit d'être universel.

L'école doit permettre aux enfants de comprendre et de relier leur propre histoire à celle de l'ensemble du pays et de l'ensemble de l'Humanité. L'exemple que tu prends des enfants Rwandais ou Arméniens est tout à fait juste. Ils se poseroaient légitimement la question de la place faite aux souffrances de leur propre peuple. Sauf si on leur enseigne un fait historique sans en faire un particularisme national et religieux qui exacerbe les communautarismes et nationalismes de tout poil, mais au contraire en en montrant l'universalité. C'est alors qu'ils pourraient se sentir compris et reconnus dans leur particularisme puisqu'il s'inscrirait dans l'Histoire de l'Humanité avec son double grand H.

A la limite, si on impliquait les enfants de cette façon-là, en insistant sur l'universalité de l'Humain et, malheureusement l'universalité aussi de la barbarie, en groupe et non pas individuellement (évacuant ainsi la charge affective et de culpabilité que cela comporte), l'idée pourrait être acceptable.

Mais ce n'est pas ça qu'on nous propose, pas du tout...

Suis-je une incorrigible idéaliste ?

Bab a dit…

En relisant, je me dis que nous sommes du même avis. Simplement, comment inclure l'histoire des autres pays dans l'enseignement de l'histoire de France (ou de Belgique ou des Etats-Unis) ? Cela paraît difficile au regard du poids des programmes scolaires. Et il ma paraît légitime aussi que ce soit l'histoire du pays où l'on se trouve qui y soit enseignée.

A mon avis, le seul moyen de prendre en compte l'histoire des peuples, c'est ce côté universel dont tu as parlé et que j'approuve : les rois cruels ou généreux, les massacres et les résistances aux oppresseurs, sont communs finalement à tous les humains. Si on arrive à faire passer ça dans l'enseignement, on ne se posera plus la question de la nationalité ou de la religion de ceux qui souffrent ou qui ont souffert.

Anonyme a dit…

Je ne connais pas la méthode française, ni les programmes d'Histoire, mais effectivement, celle-ci étant commune à tous, il y a longtemps qu'en Belgique on enseigne plus " nos ancêtres les Gaulois". Ce serait sectaire, se limiter uniquement à cela ou à l'Histoire d'Europe. Cette dernière à été influencée de tous temmps par les autre régions du globe. En Belgique, il y a des thèmes à aborder, pour les enfants du premier cycle secondaire (12 à 14 ans), ces thèmes sont présentés comme des enquètes. La liberté de l'enseignant à s'attarder sur l'une ou l'autre période est accordée. Le but au bout de 2 ans est de donner les outils à l'enfant pour comprendre ou chercher à comprendre un fait historique. Le programme, bien entendu, évoque l'Europe, principalement, on y voit rarement des parties se limitant à la Belgique. Pour les curieux, le programme actuel est visible sur http://www.restode.cfwb.be/download/programmes/49-2000-240.pdf ou sur l'excellent site personnel d'un prof d'Histoire, http://www.waelput.net/

Vladie38 a dit…

Bonjour,

Ce qui m'inquiète dans cette histoire c'est que le professeur parlera de raffle alors que si ça se trouve la veille un ecadron de CRS a embarqué le petit voisin qui a eu le malheur de naitre africain. Comment l'enfant pourra faire la part des choses, si il y en a une à faire!

Bab a dit…

En fait, l'histoire de France est réservée aux classes primaires (les petits jusqu'à 10 ans -> CM2).
Merci pour les liens sur les programmes d'Histoire en Belgique, c'est intéressant.

"Nos ancêtres les Gaulois" !
Quand on pense qu'en Algérie, sous la domination française, c'est ce que les maîtres enseignaient à tous les enfants alors que leurs ancêtres n'avaient rien de gaulois pour la majorité ! Je me souviens d'un film dans lequel un institueur breton avait été affecté en Algérie. Il refusait d'enseigner ça aux enfants, car lui-même se considérait comme descendant de Celtes et n'acceptait pas de raconter aux élèves une contre-vérité aussi énorme.

J'ai un ami qui me raconte ça avec humour : "Ma mère était Berbère, elle parlait pas Arabe, dans la rue j'étais Arabe, et à l'école je devais réciter "Nos ancêtres les Gaulois" en français". Il dit que ça lui a appris à s'adapter mais ça a fait de lui un cancre.

Heureusement, les choses ont changé sur ce plan.

Bab a dit…

Oh que oui Vladie ! Sarkozy ne se prive pas de faire rafler un grand-père chinois devant une école maternelle !

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

oh, madame yoyo, fait l'amalgame, tout n'est pas comparable!

et en plus, l'émotionnelle est plus fort, d'accord avec bête à part que l'intellectuelle, l'important qu'on s'en souvienne,

oui, aussi des enfants arméniens en Turqui, mais c'était là et pas en France et des Kurdes en Iraque, c'était là bas et pas en France.

Dans l'école de mes petit enfants près de Washington, ont lu des partie de mon journal de jeunesse, quand je racontais mes 10 ans et ce qui c'était passé alors (en Hongrie pas en France), j'ai bien survécu ma ma copine et cousine non.

Bête à part, mets ton profil visible, sinon, on ne peut pas aller de tes commentaires à ce blog, je viens de le retrouver très difficilement,

Tu es le deuxième m'avoir tagé avec des Secrets, dans mon blog, il y en a pleine, pardon, mais ce envois à six qui envois à six ne me plait pas, dans le redac du mois, on ne doit pas envoyer à son tour à six... ni raconter des "secrets pas importants"

quel sont importants, quel non d'ailleurs?

merci pour la visite!

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

On raconte déjà tellement des bobards aux enfants, que je ne vois pas pourquoi on ne rappellera pas des vérités passés il n'y a pas si longtemps, ses enfants ont existé, vécus en France, envoyé à leur mort sans aucun faute de la France,

mais aussi, il avait parlé de rappeler des Justes qui ont été nombreux en France à cacher des enfants persécutés, on en parle beaucoup moins!