Bonjour à vous qui passez par là. Merci de votre visite. Laissez-moi un petit commentaire, ça fait toujours plaisir.

30 juil. 2008

Les requins

Vue de ma fenêtre




Les petits de l'impasse sont devenus grands. On n'en finit plus de fêter le bac et les anniversaires jusque tard dans la nuit. Il y a de la musique, du mouvement, de la vie.

Les vieux disparaissent un à un. La cabane de mon copain le cycliste a été démolie.

Sans son mur protecteur et ses rosiers grimpants, ma porte-fenêtre donne maintenant sur le parking de la cité. Notre paysage intimiste s'élargit sur des murs un peu trop blancs, un peu trop neufs.


Les nouveaux propriétaires démolissent de charmants pavillons pour construire des maisons de ville à plusieurs appartements. Ils rentabilisent en hauteur et en effaçant les jardins. La population de l'impasse augmente, elle qui comptait tout juste une vingtaine d'âmes il y a encore peu de temps.


Et les requins rôdent !

Non contents de faire exploser l'échelle de Bouygues (qui est à l'immobilier ce que l'échelle de Richter est aux séismes), ils avaient déjà mis la main sur la basse ville, proche de la capitale. Ils ont débarqué sur notre colline.


Pas un jour sans une pub dans la boîte aux lettres, sans un fly manuscrit qui implore l'habitant de vendre ou louer.


Les requins se font passer pour de jeunes salariés à la recherche désespérée d'un nid pour leur famille. Dents reluisantes et oeil inquisiteur,
ils s'engouffrent dans notre petite allée avec leurs puissantes voitures gris métallisé, évaluant les façades, et même votre mine du petit matin. Une toison blanche à la fenêtre et ils vous bradent déjà en viager...




Les requins parlent au facteur, saluent les retraités, prennent les manières affables d'un Ysengrin affamé.


Et devinez ce que j'ai trouvé sur ma barrière ce soir ?




Une grosse et laide pancarte aux armoiries du baron Requin et compagnie, barrée d'un horrible "vendu".

Heureusement qu'il n'y a aucun alccol dans mon garde-manger !


D'aucuns auraient prétendu que j'ai cédé ma bicoque à l'insu de mon plein gré !





Notre vigne muscat d'origine alsacienne.
Immigrée en Ile-de-France, elle tente de survivre.


Foi de Hautaine, si cet écriteau infâme n'est pas retiré demain matin, j'y ajoute les commentaires d'usage.

Ah ! Je vais vous en faire de la publicité !
Gratuitement M. Requin.
Un cadeau de la daronne du coin de l'impasse.

http://3e.img.v4.skyrock.com/3e5/gifdeverlaine/pics/1585442214.gif

**************

Hautaine : dans mon dialecte, les hautains sont ceux qui habitent en haut, sur notre colline.

Daronne : signifie mère, mama. Comporte la notion de mère mais aussi de femme âgée.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour ex-Visiteuse

J'aime beaucoup ton style très parlant et très émouvant à la fois.

Comme nous sommes de la même génération, nous avons connu des choses à peu près identiques, telles que les bonnes relations de voisinage.


A "notre époque" nous nous connaissions tous dans la rue, nous nous rendions des services.

Quand une personne n'ouvrait pas ses volets de la journée, on allait voir si tout allait bien.

Il y avait une chaleur et de l'entraide qu'il n'y a plus aujourd'hui.


Quant aux "requins"...ils rôdent aussi dans mon département d'Ile-de-France.
Pas une semaine ne s'écoule sans que dans ma boîte aux lettres il n'y ait une carte d'une agence ou un coup de téléphone me demandant si je ne vends pas ma maison : on me propose même une "expertise gratuite"...

Dans mon quartier, dès qu'une personne âgée meurt, elle n'est même pas enterrée, que déjà le "bouche à oreille" fonctionne pour se dire qu'il y a une maison de libre ; les "requins" n'ont pas le temps d'arriver, que la maison a déjà des offres d'acheteurs potentiels...


A bientôt.
Kateleen

saint-marc jean-luc a dit…

ces faux flous laissent apparaître les criants contours d'une implacable réalité ...