Bonjour à vous qui passez par là. Merci de votre visite. Laissez-moi un petit commentaire, ça fait toujours plaisir.

31 oct. 2008

Ouvre-moi petit père !



J'ai parlé de cette chanson poignante et mélancolique à la fois : A Vava Inouva.

Pour moi, elle est porteuse d'un sens caché qui va au-delà de la paisible scène familiale où la grand-mère raconte des légendes aux enfants, tandis que les adultes sont absorbés par leurs préoccupations.

Cette fille supplie son petit père de lui ouvrir, de la laisser rentrer au sein du cercle familial. Dehors il neige, elle a froid, loin de l'affection de sa famille.
Dans la chanson, le père n'ouvre pas. Il répond seulement que, lui aussi, craint l'ogre de la forêt, et chacun continue ses activités, faisant comme si personne ne frappait à la porte.

J'y vois le symbole de la jeune femme qui a osé braver les traditions pour vivre sa vie, peut-être par amour. Et quand elle revient, son père voudrait lui ouvrir ses bras mais ne parvient pas à surmonter sa honte. Accepter serait faire taire son humiliation et transgresser, à son tour, les règles traditionnelles qui l'ont fait renier sa fille pour sa conduite audacieuse.

L'accepter à nouveau pourrait faire entrer avec elle « l'ogre de la forêt », en acceptant la négation de son autorité, exposant la famille à des désordres, en niant les valeurs qui en garantissent l'équilibre.

Il ne peut se résoudre à ouvrir la porte à cet « ogre de la forêt » auquel sa fille s'est confrontée en vivant selon des règles « étrangères » qu'il ne reconnaît pas.

Ce bouleversant dialogue entre un père et sa fille imprime à la mélodie sa mélancolie, renforcée par l'interprétation en duo.

Les contes et les chants populaires ont cette force de faire résonner en nous l'écho des symboles qu'ils transportent.

****


A Vava Inouva a été diffusée dans 77 pays et traduite en 15 langues
(source Wikipedia)


30 oct. 2008

A Vava Inouva


Découvrez Idir!




La première fois que j'ai entendu Idir, comme la plupart des Français, il interprétait A Vava Inouva, en duo avec la chanteuse Zahra N'soumer. C'était en 1976 et le succès fut immédiat. Composée par Ben Mohamed Hammadouche, cette chanson fait référence à une très ancienne légende kabyle.



Idir (photo algerie-monde.com)

(Les paroles kabyles et leur traduction en bas de ce message)

Voici la légende inspiratrice de cette magnifique chanson qui a fait le tour du monde.
On remarquera une certaine similitude avec un conte de Charles Perrault.






Le Chêne de l'Ogre (Conte Kabyle)

Que mon conte soit beau et se déroule comme un long fil !


L'on raconte qu'aux temps anciens, il était un pauvre vieux qui s'entêtait à vivre et a attendre la mort tout seul dans sa masure. Il habitait en dehors du village. Et jamais il n'entrait ni ne sortait, car il était paralysé. On lui avait traîné son lit près de la porte, et cette porte, il en tirait la targette a l'aide d'un fil. Or ce vieux avait une petite fille, à peine au sortir de d'enfance, qui lui apportait tous les jours son déjeuner et son dîner. Aïcha venait de l'autre bout du village, envoyée par ses parents qui ne pouvaient eux-mêmes prendre soin du vieillard.

La fillette, portant une galette et un plat de couscous, chantonnait à peine arrivée :
"Ouvre-moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !" Et le grand-père répondait : "Fais sonner tes petits bracelets, ô Aïcha ma fille !"


La fillette heurtait l'un contre l'autre ses bracelets et il tirait la targette. Aïcha entrait, balayait la masure, serrait le lit. Puis elle servait au vieillard son repas, lui versait à boire. Apres s'être longuement attardée près de lui, elle s'en retournait, le laissant calme et sur le point de s'endormir. La petite fille racontait chaque jour à ses parents comment elle avait veillé sur son grand-père et ce qu'elle lui avait dit pour le distraire. L'aïeul aimait beaucoup à la voir venir.

Mais un jour, l'Ogre aperçut l'enfant. Il la suivit en cachette jusqu’à la masure et l'entendit chantonner :
"Ouvre-moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !" Il entendit le vieillard répondre :
"Fais sonner tes petits bracelets, ô Aïcha ma fille !"


L'Ogre se dit ; "J'ai compris. Demain je reviendrai, je répéterai les mots de la petite fille, il m'ouvrira et je le mangerai !"

Le lendemain, peu avant que n'arrive la fillette, L'Ogre se présenta devant la masure et dit de sa grosse voix :
"Ouvre-moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !"
"Sauve-toi, maudit ! lui répondit le vieux. Crois-tu que je ne te reconnaisse pas ?"


L'Ogre revint a plusieurs reprises mais le vieillard, chaque fois, devinait qui il était. L'Ogre s'en alla finalement trouver le sorcier.
"Voici, lui dit-il, il y a un vieil impotent qui habite hors du village. Il ne veut pas m'ouvrir parce que ma grosse voix me trahit. Indique-moi le moyen d'avoir une voix aussi fine, aussi claire que celle de sa petite-fille."


Le sorcier répondit :
"Vas, enduis-toi la gorge de miel et allonge-toi par terre au soleil, la bouche grande ouverte. Des fourmis y entreront et racleront ta gorge. Mais ce n'est pas en un jour que ta voix s'éclaircira et s'affinera !"

L'Ogre fit ce que lui recommandait le sorcier ; il acheta du miel, s'en remplit la gorge et alla s'étendre au soleil, la bouche ouverte. Une armée de fourmis entra dans sa gorge.






Au bout de deux jours, l'Ogre se rendit à la masure et chanta :
"Ouvre-moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !"


Mais le vieillard le reconnut encore.
"Eloigne-toi, maudit ! lui cria-t-il. Je sais qui tu es."


L'Ogre s'en retourna chez lui.

Il mangea encore et encore du miel. Il s'entendit de longues heures au soleil. Il laissa des légions de fourmis aller et venir dans sa gorge. Le quatrième jour, sa voix fut aussi fine, aussi claire que celle de la fillette. L'Ogre se rendit alors chez le vieillard et chantonna devant sa masure :
"Ouvre-moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !"
"Fais sonner tes petits bracelets, ô Aïcha ma fille !" répondit l'aïeul.


L'Ogre s'était muni d'une chaîne ; il la fit tinter. La porte s'ouvrit. L'Ogre entra et dévora le pauvre vieux. Et puis il revêtit ses habits, prit sa place et attendit la petite fille pour la dévorer aussi.

Elle vint, mais elle remarqua, dès qu'elle fut devant la masure, que du sang coulait sous la porte. Elle se dit : "Qu'est-il arrivé à mon grand-père ?".
Elle verrouilla la porte de l'extérieur et chantonna :
"Ouvre-moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !"


L'Ogre répondit de sa voix fine et claire :
"Fais sonner tes petits bracelets, ô Aïcha ma fille !"


La fillette qui ne reconnut pas dans cette voix celle de son grand-père, posa sur le chemin la galette et le plat de couscous qu'elle tenait, et courut au village alerter ses parents.
"L'Ogre a mangé mon grand-père, leur annonça-t-elle en pleurant. J'ai fermé sur lui la porte. Et maintenant qu'allons-nous faire ?"

Le père fit crier la nouvelle sur la place publique. Alors, chaque famille offrit un fagot et des hommes accoururent de tous côtés pour porter ces fagots jusqu'à la masure et y mettre le feu. L'ogre essaya vainement de fuir. Il pesa de toute sa force sur la porte qui résista. C'est ainsi qu'il brûla.

L'année suivante, à l'endroit même ou l'Ogre fut brûlé, un chêne s'élança. On l'appela le "Chêne de l'Ogre". Depuis, on le montre aux passants.

Mon conte est comme un ruisseau, je l'ai conté à des Seigneurs.
(© publié par Tamurth.net)




A Vava Inouva

Traduction de Ben Mohamed Hammadouche


Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Je crains l'ogre de la forêt père Inouba
O fille Ghriba je le crains aussi.

Le vieux enroulé dans son burnous
A l'écart se chauffe
Son fils soucieux de gagne pain
Passe en revue les jours du lendemain
La bru derrière le métier à tisser
Sans cesse remonte les tendeurs
Les enfants autour de la vieille
S'instruisent des choses d'antan

Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Je crains l'ogre de la forêt père Inouba
O fille Ghriba je le crains aussi

La neige s'est entassée contre la porte
L'ihlulen bout dans la marmite
La tajmaât rêve déjà au printemps
La lune et les étoiles demeurent claustrées
La bûche de chêne remplace les claies
La famille rassemblée
Prête l'oreille au conte

Je t'en prie père Inouba ouvre-moi la porte
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Je crains l'ogre de la forêt père Inouba

O fille Ghriba je le crains aussi



Paroles originales :

Txilek elli yi n taburt a Vava Inouva
Ccencen tizebgatin-im a yelli Ghriba
Ugadegh lwahc elghaba a Vava Inouva
Ugadegh ula d nekkini a yelli Ghriba

Amghar yedel deg wbernus
Di tesga la yezzizin
Mmis yethebbir i lqut
ussan deg wqarru-s tezzin
Tislit zdeffir uzetta
Tessallay tijebbadin
Arrac ezzin d i tamghart
A sen teghar tiqdimin

Txilek elli yi n taburt a Vava Inouva
Ccencen tizebgatin-im a yelli Ghriba
Ugadegh lwahc elghaba a Vava Inouva
Ugadegh ula d nekkini a yelli Ghriba
Adfel yessed tibbura
Tuggi kecment yehlulen
Tajmaât tettsargu tafsut
Aggur d yetran hejben
Ma d aqejmur n tassaft
Idegger akken idenyen
Mlalen d aït waxxam
I tmacahut ad slen

Txilek elli yi n taburt a Vava Inouva
Ccencen tizebgatin-im a yelli Ghriba
Ugadegh lwahc elghaba a Vava Inouva
Ugadegh ula d nekkini a yelli Ghriba



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Idir

Contes et légends kabyles

Forum Beur FM

29 oct. 2008

Xuan Kong Si, le monastere suspendu




Ce monastère est construit sur la paroi verticale du canyon Jinlong, près du mont Heng dans la province de Shanxi, à 65 km au nord-ouest de Datong, en Chine.

Il est constitué de différents pavillons qui épousent les contours naturels de la paroi rocheuse et sont reliés entre eux par des couloirs, des passerelles et des escaliers.


Avec les grottes de Yungang, le temple suspendu est l'une des principales attractions touristiques et historiques de la région de Datong.

Texte et photos : Do Van Giap


"



Bâti il y a plus de 1400 ans, ce temple est unique, pas seulement par sa construction à l’aplomb du précipice, mais aussi parce qu’il recèle des éléments bouddhistes, taoïstes et confucéens.

Le monastère suspendu, bâti en 491, a survécu en partie grâce aux reconstructions et restaurations durant les périodes Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911).


C’est une merveille architecturale mettant en œuvre une théorie mécanique unique.
Les traverses de soutien des fondations furent à moitié enfoncées dans la roche.

Le monastère suspendu renferme 40 salles contenant environ 80 statues de cuivre,
de fer, de terre cuite ou de pierre.

Comment ce monastère a-t-il résisté aux intempéries ? La hauteur le protège des inondations.
Le creux dans la roche où il est bâti, le protège de la pluie et de la neige. Les montagnes environnantes le préservent des fortes périodes de chaleur.






27 oct. 2008

Petit voyage botanique



A la journée portes ouvertes du lycée d'horticulture et des métiers du paysage, les élèves présentaient fièrement leurs réalisations, vêtus de leurs grands tabliers de jardiniers, et vendaient des plantes aux visiteurs. J'ai ramené quelques pensées qui feront des taches de couleurs sur ma pelouse (petit carré d'herbe serait plus proche de la réalité) et une magnifique misère rouge (oui, je sais, la misère, elle vient bien toute seule, enfin, on me l'a déjà dit).


Depuis le temps que je passais devant cet endroit en me demandant ce que pouvait bien cacher la serre, ma curiosité est satisfaite. J'y ai vu toutes sortes de plantes dont le nom m'échappe totalement, mais toutes étaient admirables.

Elle recèle quelques spécimens intéressants qui donnent une idée de ce à quoi devraient ressembler nos plantes d'appartement, si on ne les avait pas privées de leur milieu naturel : le caoutchouc (ficus elastica) aux belles feuilles vernissées, sous la forme d'un arbre impressionnant, occupe toute la hauteur de la serre, le ficus benjamina, tout fluet sur nos fenêtres de bureaux est, lui aussi, un arbre foisonnant et vigoureux. Quant aux papyrus cyperus, ils prolifèrent dans un fond d'eau et on peut les admirer d'en haut comme au bord d'un oued.









J'y ai passé un bon moment à m'imprégner de cette atmosphère de jungle, en faisant quelques photos maladroites avec mon téléphone portable.

Une belle matinée avec un seul regret : en voiture, j'aurais pu rapporter quelques hortensias (hygrangeas), les miens ayant été décimés lors des travaux d'agrandissement de la maison (sniff ! C'était un cadeau d'anniversaire).




Voilà à quoi ressemble un ficus quand il n'est pas limité par les parois d'une serre. Quelle majesté ! Dommage que notre pays soit trop froid pour qu'il croisse de cette façon impressionnante.





Brasil, photo Isabel




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Lycée d'horticulture de Montreuil

Caoutchouc

Papyrus

26 oct. 2008

Les gens moches



Les Gens moches ne le font pas exprès...
(Mais y'en a quand même, y s'arrangent pas)

C'est le titre d'une pièce jouée au théâtre Pandora (à Paris) par Sarah François.

"Je propose un Unesco pour les moches, qui investirait dans la Recherche, département chirurgie esthétique, taxerait les chips et le coca, interdirait les restaurants américains.
Imaginez une union syndicale des obèses et des moches, c’est un contre pouvoir qui pourrait éteindre tous les feux de la rampe, toutes les lampes UV, tous les écrans, tous les fantasmes… Ils feraient taire tous les canons. C’est fou, c’est le plus gros lobby qui s’ignore ! Avec une alliance des moches, on aurait plus de monde qu’avec un regroupement de cons. Je ne comprends pas comment ils se laissent dominer par le MEDEF des mannequins et le syndicat des rédactrices de mode …
Peut être parce que le moche culpabilise de sa laideur… Aidons-le à reprendre sa place majoritaire : les laiderons ont le pouvoir et ne s’en servent même pas…
Oui je sais, c’est moche… "
L'autodérision d'une comédienne de 92 kilos qui assume.

Extrait de la pièce







Le site de la pièce

Théâtre Pandora
31, rue Keller
75011 Paris




Le temps qu'il fait



Comptine en « i » comme pluie

Chantée sous un imper

En riant de la pauvre Gipsy

Victime de l'atmosphère


Le ciel lui sert

L'éternelle avanie

Jette la courageuse à terre

La goutte est pour elle un tsunami


Ritournelle fredonnée à l'abri

L'araignée tombe à terre

D'un coup de pied le petit

Abrège ses misères.



L'araignée Gipsy

grimpe à la gouttière

mais voilà la pluie

Gipsy tombe par terre

Mais le soleil a chassé la pluie

etc.


Archéoblog




Sous les strates de ce blog, mes premiers billets, perdus dans la roue du temps.

J'ai eu envie de publier de temps en temps un retour alléatoire vers mon passé bloguesque.






La roue vous y emmènera quelquefois, parce que le sujet est de nouveau d'actualité pour moi, ou sans raison particulière, juste comme ça parce que je le vaux bien.
http://forum.psychologies.com/images/perso/3/haddock.gif


Pour cette première, j'ai une bonne raison. Avant-hier, un talentueux chirurgien m'a redessiné les paupières, après maintes péripéties oculaires et presque deux ans de traitement contre la maladie de Basedow. J'ai envie de lui rendre hommage en sortant des limbes ce que j'en pensais l'année dernière, même si le résultat de cette intervention est encore incertain.




Mes yeux ne seront pas aussi beaux que ça
mais toujours mieux que ce qu'ils étaient devenus.



Remember !




25 oct. 2008

Bison pas très futé



J'adore raconter à qui veut l'entendre que j'habite à quelques mètres du Centre National de Gendarmerie. Ça vous pose quelqu'un.
Aux chauffeurs de taxi je dis que Bison Futé est mon voisin, à mes collègues je raconte que les bosquets sous mes fenêtres abritent les souterrains de la police scientifique.

Chacun conclut en général que le quartier n'a qu'à « bien se tenir ».


Il y a quelques années, des collègues s'inquiétaient de me voir rentrer tardivement chez moi par les transports en commun. On parlait beaucoup d'insécurité, surtout dans mon département (le 93). « Tu n'as pas peur de te faire agresser ? » A quoi je répondais invariablement en rigolant : « Mais non, mes voisins sont dissuasifs, les malfrats ne vont pas se jeter dans la gueule du loup ! »


Je me retrouve donc vers 23h00 sur le boulevard longeant le Centre de gendarmerie et les bâtiments où habitent les familles de gendarmes. Soudain, j'entends un claquement sec. Presque aussitôt, quelque chose me frappe assez violemment le mollet. Je m'arrête, croyant avoir marché sur un objet qui se serait relevé brusquement, tel le « coup du rateau ». Rien sur le trottoir, personne dans la rue, aucune fenêtre ouverte du côté des pavillons qui font face au terrain militaire.



Mais où sont les parents et que fait la police ?


En me penchant pour relever mon pantalon et voir l'état de mon mollet, je trouve un plomb. De ces petits plombs qu'on met dans les carabines d'enfants (hélas oui, il existe des armes pour enfant). Le projectile ne pouvait venir que des tours de la gendarmerie. Un petit malin y jouait au ball-trap sur les passants – heureusement de trop loin pour blesser quelqu'un.


Je m'en suis tirée avec un bleu et une certitude : le danger arrive toujours de là où on ne l'attend pas !



21 oct. 2008

Avis de tempête


Un nouveau jeu d'écriture pour La Petite fabrique.

La consigne est : "Parlez-nous de météo."


Compte rendu de la météo marine pour la journée du 21 octobre.


Pour ce matin, les prévisions étaient : vent modéré, force 3 à 5, robe d'azur et coiffure en cirrus à peine échevelés.

En cours de journée, la rencontre d'un courant chaud, dérouté du Nord-Irlande, a provoqué un réchauffement brutal sous les côtes, avec formation de cyclone au-delà du Mont de Vénus.




L'alerte orange n'a pu être diffusée à temps avant l'éruption accompagnée de tempête force 7 et plus, suivie d'une tiède averse bienfaisante.


Cet après-midi, mer d'huile.




17 oct. 2008

On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui



« Peut-on rire de tout et avec tout le monde ? » demandait Pierre Desproges.

« La réponse est oui, mais tout dépend avec qui. » (Absolument d'accord !)


Démonstration dans la vidéo ci-dessous, extraite d'une audience du regretté Tribunal des flagrants délires sur France Inter.







Jean-Michel Royère, handicapé depuis 60 ans, n'est pas d'accord.

Il l'a fait savoir à la direction de France Inter et à Stéphane Guillon, qui avait consacré sa chronique du 9 septembre aux Jeux paralympiques. Sans égaler la verve de Pierre Desproges, Stéphane Guillon avait laborieusement élaboré quelques traits d'esprit à propos des Jeux comme par exemple : "inutile d'y aller en voiture, toutes les places de parking sont pour les handicapés" ou encore "à la natation synchronisée, les siamoises sont avantagées", etc.



Jean-Michel Royere a demandé des excuses publiques pour ce qu'il considère comme insultant. Excuses auxquelles se refusent la chaîne et le chroniqueur.

En revanche, la direction de France-Inter annonce la diffusion prochaine d'une "grande émission consacrée au handicap et aux personnes handicapées".

Si l'expression, pour le coup, me fait rire tant elle est significative d'un langage emprunté et pétri de la mauvaise conscience des valides, qui ignorent les handicapés depuis la nuit des temps (sauf scoop bien dégoulinant), je lève mon chapeau pour saluer Jean-Michel Royere qui a obtenu ce que tous les débats sur le sujet et toutes les actions des associations n'ont pu obtenir jusqu'ici : la visibilité médiatique des handicapés.


A quand les plateaux de télé accessibles et les producteurs "audacieux" qui oseront inviter des personnes qui dénotent, des non télégéniques ?


La suite à voir et à écouter, pour ceux "qui ont quelque chose entre les oreilles" et les yeux...





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Le Point : Rire et handicap, la polémique est close.

Coup de gueule, le blog de Jean-Michel Royere

Sommes-nous plus cons que les valides ?
sur le blog Handicap-Injustices


Fantasme à sa fenêtre



Rue de la Vaste Terre, sur le trottoir de gauche, un mur aveugle. En face, un homme à un arrêt d'autobus, plongé dans son journal.


- Psssttt ! S'il vous plaît !

- ?????

- Je suis là haut, levez les yeux.

- Qui êtes-vous ?

- Je suis un tableau, je suis le relief de la ville. M'avez-vous remarquée, entre mes rideaux de pierre grise ?

- Bien sûr, on ne voit que vous ! Pourquoi êtes-vous là, élégante et boudeuse ? N'avez-vous pas froid ?

- Je suis là pour que vous vous interrogiez et que vous m'admiriez. Je suis l'éternelle beauté, insensible aux rayons du soleil comme au froid.

- Un moment je vous ai prise pour une nymphe au sortir de sa douche. Vous vous dévoiliez pour moi : un fantasme.

- Je crève l'écran enfumé de briques rouges pour vous faire rêver. Ne cherchez pas à savoir qui je suis, car la terre dans laquelle je suis façonnée n'est pas de celles que l'on cuit. Vous devrez vous contenter de m'admirer : je suis fragile, toute en biscuit.


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Pour voir l'image qui a inspiré ce texte, cliquez ici.

Le biscuit est aussi (en dehors du petit gateau sec) une porcelaine tendre, sans émail, qui reste blanche et mate.

Condamnée



- Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir au loin ?

- Je ne vois que des passants bourgeois et un chien qui aboie.

- Anne, ma sœur Anne, laisse-moi regarder.

La dame à sa fenêtre a fini sa toilette. L'heure approche d'affronter Barbe-Bleue qui aiguise ses couteaux. Son regard se perd au loin. Mais aucun sauveur à l'horizon ; seuls jouent quelques moineaux narquois.

- Anne, ma sœur Anne, te souviendras-tu de moi ?

En pleurant, Anne entoure sa sœur d'un linge blanc et lui noue un ruban aux cheveux.

- Même les murs se souviendront de toi !



*****

Texte imaginé à partir d'une image : un jeu d'écriture proposé par La petite fabrique.



16 oct. 2008

Je suis revenue te dire


Je suis venue te dire tous mes pas

sur les chemins où tu n'étais pas,

et les longs jours sans toi.

Un vague sourire cachait mon désarroi.


J'étais insensible en ce temps-là,

le corps fou et le cœur froid,

dansant une parodie de joie,

cachant toujours le petit vide, là.


Je suis venue te dire tout ça

et mes mots ne suffiront pas.

Il faut que je les trace sur toi,

leur brûlure chasseront l'effroi.



15 oct. 2008

Je suis venue te dire


Sur La Petite fabrique d'écriture, on propose d'écrire un texte qui commence par
« Je suis venue te dire ». Voici ce qu'il m'a inspiré.


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Je suis venue te dire que je ne peux plus écrire.

Les mots s'en sont allés, déchirés, évaporés, imprimés sur d'autres papiers. Ils m'ont quittée, tu sais.

Je les aimais pourtant !
Comment ne l'ont-ils pas compris ? Ils dévalaient, sauvages et désordonnés, vivaces, souvent trop forts, parfois méchants, ils étaient sans égard pour moi. A peine éveillée, je devais les coucher sur le papier, les tourner, m'appliquer à les conjuguer, cherchant dans mes lectures et mes dictionnaires, de nouvelles manières de les dorloter.


Souvent je les ai prononcés, comme ça, pour le plaisir, je faisais sonner leur syllabes qui s'écoulaient en un long poème échevelé. Parfois, ils poussaient si fort dans ma poitrine que je devais tout arrêter pour les écrire : « Il était une fois, dans la ville de Foix »... Et mon stylo courait presque sans moi, guidé par eux. Ils étaient mon seul souci, ma seule joie.


Oh ! J'ai bien essayé de les appeler : « Liquidambar ? Esperluette ? Charme et Poésie, où êtes-vous ? » Seul mon esprit vide répondait : « Que veux-tu que je fasse d'un arbre et d'un logogramme ? »


C'est sans doute ma faute, je les ai trop aimés. Il aurait fallu les torturer un peu, les contraindre, ruser avec le subjonctif, leur inventer des jumeaux plus nouveaux, leur faire croire à une possible chute en désuétude. Les tenir en haleine, enfin.


Et puis voilà, ils m'ont quittée. Comment te dire cet insondable vide ?


Alors je suis venue. Dis-moi maintenant comment, de loin, je pourrai chaque jour te parler ?

Je devrais apprendre à dessiner...




14 oct. 2008

Paris ancien

Si vous avez aimé ce message, lisez aussi :
Trésors de Paris



Arbre probablement centenaire, square René Viviani, Paris 5è.


A quelques mètres d'une voie rapide (où il est interdit de s'arrêter), un majestueux et vénérable sureau. Quelle solidité pour résister à cette pollution !


Le tronc noueux du sureau le plus vieux que j'aie jamais vu.



A ses côtés, le plus vieil arbre de Paris, planté en 1601, un robinier faux-acacia.




Cette petite cour aux allures provinciales, c'est à Paris, tout à côté de Notre-Dame.


Cour basse près de Saint-Julien le Pauvre


François Villon a-t-il dormi dans cet immeuble ? J'ai envie d'y croire.


Je suis François, dont il me poise, Né de Paris emprés Pontoise, Et de la corde d'une toise Saura mon col que mon cul poise. »




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Autour de Saint-Julien le Pauvre

Prête-moi tes chaussures




Un proverbe – amérindien paraît-il – dit à peu près ceci :


« Si tu veux comprendre ton voisin, marche quinze jours dans ses mocassins. »


- De quoi ? Tu veux que je respire l'odeur de ses pieds, sente ses démangeaisons et souffre de ses errances et ses lourdeurs ?



- Oui, peut-être, un peu. Juste pour comprendre où le bât blesse. Mais pas seulement.

- Quoi alors ?



- Par exemple, vibrer aux mêmes tempo, esquisser des pas de danse, s'endiabler sur des musiques inconnues.


- Courir vers ses amours malgré l'étroitesse des escarpins, porter le poids de ses chagrins dans des croquenots trop étroits pour l'énormité de la chose. Seulement pendant un temps, pour les éprouver à sa manière. Et avancer parce qu'il le faut, sans savoir où cela te mènera, tout comme lui ne le sait peut-être pas.



Puis, ôter ces carapaces façonnées à l'image de sa vie, parfois bien déformées aux endroits sensibles, pour enfoncer tes orteils dans le sable ou la tourbe. En palper la douceur et la délicieuse rugosité. Quand tu auras éprouvé ses points sensuels ou douloureux, tu lèveras ton regard sur cet humain, ton voisin. Y verras-tu le même ?




- Pourquoi voudrais-tu que je m'oublie dans le vécu des autres ? J'ai bien assez de mes propres douleurs. Mes godasses, je les ai faites à mon corps défendant, sourire aux lèvres et pieds grimaçants...

Lisses et bien cirées, elles font croire au chaland qu'il peut me marcher sur les pieds ! Et quand je porte mes vieux chaussons troués, il se moque de leur air affaissé. Mais moi, j'y ai trouvé mes marques. Quand c'est plissé, décoloré, usé, c'est que j'ai trouvé où loger mes cors, ménagé des cavernes et déposé du coton pour mes durillons.

Finalement, peut-être as-tu raison. Elles sont à l'image de ma vie et c'est ce qui me permet ou m'empêche de tenir debout.


Tiens, prête-moi tes chaussures, je vais essayer !


- Ah mais moi je marche pieds nus !



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Réflexologie plantaire

Historique de la réflexologie

Chaussures, le pied en danger

Que tes pieds sont beaux dans des sandales, fille de prince.
(Le Cantique des Cantiques 7:1)

Chaussures orthopédiques



13 oct. 2008

Quelques définitions



Dans un fond de tiroir, quelques définitions de mon cru, griffonnées un soir de colère en sortant du boulot.



René Magritte (1898-1967)


FUMEUR : vieux soixante-huitard puant n’ayant pas encore compris que la cocaïne est inodore et beaucoup plus « in ».


DEGRAISSER : c’est retirer ce qui a donné sa richesse au bouillon, en déclarant que c’est trop lourd à digérer ; les entreprises light ont alors un goût d’ersatz qu’il est de bon ton de trouver agréable.


MÈRE DE FAMILLE : cible publicitaire qui vient parfois se perdre dans les entreprises ; elle devient alors « à dégraisser ».


CHOCOLAT : substance légale en vente dans les distributeurs, dont la consommation est à la base d'une chaîne économique prospère allant de l’exploitation de l’Amérique Latine à la recherche médicale contre le diabète et l’obésité.



BUREAU : étage d’immeuble agencé en batterie de production ; toute personnalisation du lieu est une lamentable tentative de rétablir un individualisme à proscrire.


SENIOR : à jeter au prochain plan social ; ou selon le cas, dirigeant dynamique qui ne se repose pas sur la collectivité et refuse de prendre sa retraite pour continuer à sévir parmi les jeunes , et profiter du pourcentage sur le chiffre d’affaire.


bureau en open space


JEUNE : signifie décoratif et rapide ; l’efficacité sera assurée par les plus âgés, en sous-main, que l’on consultera juste avant de les virer.


NOUVEAU : à adopter immédiatement en jetant tout le reste devenu ringard : le nouveau est une valeur en soi.


RINGARD ou RINGUE : qui n’est pas assez nouveau ou qui n’a pas adopté assez vite ce qui est nouveau.


HAS BEEN - super ringue : se prononce en ricanant entre collègues, en mangeant deux doigts coupe faim devant la machine à café.


UNIFORME : l’uniforme est encore utilisé en cas de besoin contre des populations considérées comme crédules, pour faire valoir certaines valeurs ; l’uniforme dans notre société est devenu inutile à ceux qui l’ont totalement intériorisé.


QUARTIER SENSIBLE : un quartier est sensible par opposition aux quartiers abritant des êtres dont l’opulence les a rendus totalement insensibles.


VOILE : signe religieux extérieur, voire ostensible. On redoute la prochaine interdiction du voile dans les mairies. Il va falloir trouver un nouveau couvre-chef pour les mariées. Enfin du renouveau pour la couture !


"Vestale" par Jean Antoine Houdon (1741 - 1828)




11 oct. 2008

Innocence



Les chiens, chats et perruches disparus sont légion en ville. On voit souvent des affichettes apposées sur les murs demandant l'aide du public pour retrouver l'animal perdu.

C'est l'heure de la sortie des écoles. Les petits courent en avant, suivis par les mamans avec poussettes et cabas.

Deux d'entre eux s'arrêtent au coin de la rue. Le plus grand teste ses nouvelles connaissances en lecture et déchiffre un panonceau accroché à un poteau :

- Ra-tus-ra-tus.

Le petit frère, sur ses talons, veut savoir de quoi il s'agit. Il ne sait pas encore lire mais voit l'image et crie :

- Oh ! Une petite souris perdue. Maman ! Il y a une petite souris qui s'est perdue !

Le panneau, suspendu au-dessus d'un bataillon de poubelles débordantes du plus mauvais effet, demande aux riverains de faire plus attention à leurs déchets pour éviter une invasion de rats.


http://www.rattusrattusaudio.com/images/Rattus.bmp


Dans le groupe suivant, une petite fille tombe en arrêt devant les ordures répandues et demande :
- Maman, pourquoi c'est tout sale ?
- Parce que la gardienne n'a pas encore nettoyé.
- Eh ben jamais, jamais, je voudrais être une gardienne ! Parce que je voudrais pas ramasser tout ça tous les jours !




7 oct. 2008

Lettre à la famille Néandertal





Chers* Néandertaliens,


Votre conception du monde dans sa globalité reste confinée aux lieux que vous pouvez voir.

Ce qui est dehors est à vous lorsque vous le convoitez, mais ce n'est pas chez vous. Alors, vous vous préoccupez de votre grotte, et que se débrouillent les autres idiots qui vivent dans les parages.

Vous prenez et jetez comme vous faites vos besoins : là où vous pensez que personne ne vous verra, juste assez loin pour ne pas marcher dedans et juste assez près pour ne pas trop se fatiguer (mais si d'autres marchent dedans, c'est le cadet de vos soucis). Que de préoccupations vous avez en tête : trop pour vous soucier de ce que vont devenir vos déchets.


http://www.rmn.fr/local/cache-vignettes/L345xH444/06-507192.jpg

Homme de Néandertal ou Néandertalien,

représentant fossile du genre Homo qui a vécu en Europe et

en Asie occidentale au Paléolithique moyen.


Dans cette bizarre société où vous avez atterri, il y a des gens pour faire le travail à votre place, à condition d'utiliser une poubelle. Mais quel ennui d'avoir à la sortir devant la porte et la rentrer lorsqu'elle est vide ! Et puis c'est sale...

En bons animaux sociaux, pour ne pas fâcher les voisins, vous mimez leurs gestes. Hop ! On jette les ordures dans la poubelle. Hop ! On va la déposer là où elles sont déjà toutes. Le camion passe. Hop ! On en prend une vide, n'importe laquelle, ou plutôt non, la plus propre de préférence. Ah ? Il y en a de différentes couleurs ? Vous vous demandez bien pourquoi.


Et puis vous souriez, contents de vous, et vous recommencez à y déverser tout et n'importe quoi, liquides, solides, emballages et restes de repas. Qu'importe, tout est à jeter n'est-ce-pas ?

S'il y a des gens assez vils pour s'abaisser à ramasser vos ordures, pourquoi les respecteriez-vous ? Ils n'ont qu'à les trier puisqu'ils sont payés pour ça ! Et pourquoi se poser des questions ? Que deviennent vos ordures ? Où vont-elles et quel endroit sera empoisonné ? Vous êtes bien assez occupés comme ça à des choses sérieuses pour vous en préoccuper.


Dans le monde de Néandertal, il est normal de mépriser la tribu d'à côté. Surtout si on possède de plus gros gourdins qu'elle.

Et de changer d'endroit quand on a tout pourri...


Le problème c'est que nous sommes 100.000 dans cette ville, 63 millions dans ce pays et quelques milliards sur la planète. Ne serait-il pas temps, chers Néandertaliens, de prendre conscience que votre petite tribu n'est pas seule au monde ?


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* Quand je dis "chers", c'est aussi parce que tout cela coûte cher à la collectivité, au sens propre comme au figuré.