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31 août 2007

Crash-test belge





Après la mairie, la ligne 122 passe devant le cimetière avant de s'infléchir à gauche pour le contourner, en montant vers le quartier du Bel Air. Il est environ 22 heures 15. A bord, une vingtaine de passagers silencieux.


Au bout de la rue Galilée, je lève les yeux de mon livre, au moment où l'autobus avance sur l'intersection en amorçant son virage, sans ralentir puisque le feu est vert.


Un cri d'effroi retentit dans mon dos. Une femme se lève d'un bond, se jette vers la porte en criant, l'index pointé vers la rue. Tous les yeux suivent la direction de son doigt. Une camionnette blanche dévale la pente vers nous, brûle le feu, nous percute dans un crissement de freins, rebondit en arrière sous la force de l'impact, puis s'immobilise. Comme un seul homme, les voyageurs ont sauté vers le côté opposé au choc et tombent les uns sur les autres. Le bus s'arrête.

La femme continue à crier d'une voix aigüe. L'impact a eu lieu exactement là où elle était assise quelques secondes plus tôt. Les gens se relèvent, étourdis. Le chauffeur demande si quelqu'un est blessé. Stoïque, il nous rassure, réclame un peu de calme puis décroche son téléphone afin d'informer le central de l'accident.


Dehors, la camionnette, immatriculée en Belgique, a perdu sa plaque dans la collision. Le conducteur ouvre sa portière d'où tombe une batte de base-ball, saute sur la chaussée, évalue les dégâts, lève les yeux vers ses passagers. Il ramasse sa batte, jette un regard courroucé vers l'autobus qui barre la rue perpendiculairement, et fait trois pas dans notre direction.


Le machiniste de la RATP n'a pas quitté son siège, il téléphone.

A ce moment, on entend vociférer : « Laissez-moi sortir, ils vont nous attaquer ! Ouvrez, ouvrez ! » L'homme, pris de panique, commence à manipuler tous les boutons à sa portée, donne des coups d'épaule et de pieds dans la porte. La porte s'ouvre quand les autres voyageurs se mettent à hurler en montrant la camionnette. Profitant de cette diversion, le chauffard a récupéré son pare-choc et sa plaque, il est remonté dans la cabine et manoeuvre pour se dégager du carrefour. En deux coups de volant, le voilà sur le trottoir, il rape un arbre au passage et la camionnette disparaît en direction de la mairie.


Le conducteur du bus descend, inspecte sa carrosserie froissée. Plus de peur que de mal. Il nous demande de lui laisser nos coordonnées pour témoigner de l'incident. Nous repartons vers le Bel Air dans un concert d'exclamations indignées et de plaisanteries. L'homme affolé tout à l'heure grommèle des imprécations en Swahili. Les autres espèrent qu'il est en train de jeter un sort au conducteur de la camionnette belge.



Nota : La date de ce billet n'est pas celle de l'incident.



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