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19 août 2007

David et le vélo normal



- Tu pédales sur un vélo normal ?
Elsa et Delphine rigolaient, étonnées, et me chantaient la chanson d'Anne Sylvestre : Eugène et le vélo normal.

Oui j'ai eu cette chance de pouvoir faire tant de kilomètres à vélo. Michel avait bien imaginé une cale sur la pédale droite pour compenser la différence de hauteur de jambe et divers aménagemens, qui n'ont jamais vu le jour, pour pallier les problèmes d'équilibre et de changements de vitesse. Mais depuis que je ne peux plus faire le trajet du boulot, même les chevronnés du vélo couché n'ont pas pu m'orienter vers une technique de "maindalier".

David Mercier et Francis Trujillo sont arrivés.
Le vélo ça redevient normal... pour tous !


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Dans le quotidien La Croix
17/08/2007 17:30

A force d'ingéniosité, les vélos s'adaptent au handicap


La France accueille, du 19 au 27 août, les championnats du monde de cyclisme handisport. Une discipline où les trouvailles inventées pour les coureurs servent aussi pour les loisirs

Il y a quinze ans, David Mercier était sapeur-pompier à Paris. Un accident de la circulation l’a privé de son bras droit. À partir du 19 août, il sera, à 38 ans, l’un des cadres de l’équipe de France engagée dans les championnats du monde de cyclisme handisport à Bordeaux.

Ce Charentais de Cognac, qui dispute aussi des épreuves pour valides, roulera sur un vélo tout à fait normal. Sauf que les deux freins sont commandés par la même main, en l’occurrence la gauche.

Le coureur se souvient encore de ses débuts en compétition, avant les Paralympiques de 1996, où il avait remporté une médaille d’or. « À l’époque, raconte-t-il, c’était un peu barjot : les gars roulaient dans ma catégorie avec un seul frein. »

Et avec le risque de mal maîtriser leur freinage à allure élevée. Lui a trouvé la solution dans une boutique de Bordeaux qui commercialisait une pièce métallique triangulaire, utilisable pour permettre de tirer sur deux câbles à la fois.

« Il faut se débrouiller par nous-mêmes »

Avec un ami calé dans le travail du métal, David Mercier a adapté le système à son cas. Depuis, la trouvaille est devenue la norme pour les amputés. Mais aucun vélo de série n’offre ce type de système.

« Ce n’est pas un marché rentable, constate le champion. Il faut se débrouiller par nous-mêmes et cela reste de l’artisanat. » Privé des deux mains, un Tchèque avait ainsi installé un dispositif à l’arrière de sa selle, qu’il activait en reculant les fesses. D’autres ont utilisé des petits pistons montés sur le guidon.

Il faut ensuite trouver le bon réglage entre roues avant et arrière. Le problème ne concerne pas seulement les adeptes de la compétition : « Je reçois régulièrement des coups de téléphone de gens qui cherchent des solutions pour faire du vélo de loisir malgré leur handicap et qui ne trouvent rien dans le commerce, raconte Michel Thèze, directeur technique du cyclisme à la Fédération française handi sport. La question du freinage est un vrai obstacle. »

Et comment passer les vitesses et changer de plateau avec la même main ? Ou pédaler avec une seule jambe ?

En général, le responsable fédéral renvoie ses interlocuteurs vers le mécanicien de l’équipe de France, Francis Trujillo. « C’est le règne du système D », résume ce dernier.

Privé d’un bras à la naissance, il est à la fois, à 49 ans, un cycliste averti, qui pratique en valide comme en handisport, et un soudeur de métier. « Je fais aussi du moto-cross et du ski, précise-t-il. Il n’y a rien qui me gêne. Pour souder, je coince le métal d’appoint avec un élastique sur le bras. »

Avec sa double compétence, ce pédaleur-bricoleur installé en Saône-et-Loire donne des conseils, griffonne des dessins, fait des essais, joue au tourneur-fraiseur-soudeur, usine des pièces de sa main et les envoie à qui en a besoin.

« C’est normal, dit-il. L’autre fois, j’ai été contacté par le père d’une petite fille hémiplégique de 9 ans. Il ne trouvait rien pour elle. Je ne pouvais pas le laisser comme cela. »

80 km/h en descente

Prothésistes ou employés de centres de rééducation servent aussi de relais pour dénicher la solution, et les grandes compétitions comme les championnats du monde organisés en Gironde sont également l’occasion de voir ce qui se passe à l’étranger en termes d’amélioration de matériel.

« Peut-être que certains cachent des nouveautés, mais nous, on ne cache rien, souligne Francis Trujillo. Parfois, les gens viennent même avec des appareils photo. Ils se sentent un peu gênés, demandent la permission de photographier les vélos. On leur dit de ne pas hésiter. C’est un grand plaisir pour nous de partager. On est une grande famille. On se dépanne entre nous. »

Plus récemment, les handicapés moteurs, tétraplégiques ou paraplégiques, ont pu bénéficier du développement du handcycling : des tricycles (une roue à l’avant, deux à l’arrière) sur lesquels le conducteur est assis à ras du sol et agit sur un pédalier avec ses bras.

Sur ces engins fabriqués sur mesure en Allemagne, dont les modèles les plus chers coûtent environ 10 000 €, les coureurs peuvent tenir des moyennes supérieures à 35 km/h sur le plat et dépasser les 80 km/h en descente. « Cela a beaucoup progressé, note Rudy Depecker, chargé de la discipline pour l’équipe de France. En quelques années, on est passé de vélos de 20 à 10 kg, en carbone. »

Un véritable circuit de compétitions internationales a pris son envol, où Allemands, Autrichiens, Néerlandais et spécialistes des pays de l’Est dominent. Mais, là aussi, ces machines servent également à des pratiquants du cyclisme en loisir.

« Cela permet à des gens d’aller se balader à l’extérieur, beaucoup plus loin qu’en fauteuil, et cette pratique commence à s’implanter dans des centres de rééducation, poursuit Rudy Depecker, par ailleurs éducateur sportif au Touquet (Pas-de-Calais). Mais il faut faire attention. Les coureurs sont tellement bas que certains sont déjà passés sous des camions sur la route, en s’en sortant heureusement sans mal. »

Lui-même s’est essayé à « pédaler avec les mains ». Commentaire de ce cycliste traditionnel : « C’est dur. »
Pascal CHARRIER


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