Mugar & Thalweg

Pardon Marie, je copie sur toi la bonne idée : lire ce message en laissant jouer la musique pour atténuer le côté blabla et se laisser pénétrer de l'atmosphère.

La vidéo suivante montre les paysages de Galice, province espagnole de tradition celtique. La musique est celle de Mugar. Les morceaux sont nettement celtiques mais, écoutez bien et vous entendrez un peu la Kabylie aussi.

El Bierzo

J'aurais aimé écrire ce billet au moins en cinq langues : Amazigh (Berbère), Breton, Anglais, Français, Espagnol. Et on pourrait ajouter l'Arabe et le Gaélique.

Je ne parle que le français, mais la musique dont il s'agit fait battre le coeur de tous ceux qui parlent ou comprennent ces langues si différentes. La musique est un langage universel.

Un jour, en 2002 je crois, en flânant dans les allées de Virgin, la jaquette d'un CD avait attiré mon attention. En exergue, étaient inscrits ces mots « celtic berbère ». Mon coeur a bondi. Mugar était le nom du groupe. Je l'ai immédiatement acheté.

Enfin ! Quelqu'un avait eu l'idée d'unir ces deux styles de musique que j'affectionne particulièrement. Elles sont souvent reléguées sous l'appellation (péjorative chez certains musiciens) de « folklorique ». Alors qu'elles vibrent là ! Vous voyez où je veux dire : le plexus solaire, le ventre, puis ça résonne dans tout le corps. Elle dansent et elle bercent, elles font surgir des images de toutes les gloires et misères humaines. C'est le genre de musique qui me fait croire à l'unité du corps et de l'esprit.

J'ai écouté Mugar en boucle, en rêvant à la fraternité et à l'unité d'un monde sans guerre, comme une réconciliation entre les brumes de la Côte de granit et les vents du Sahara.

Et puis je l'ai prêté. Et il a disparu. C'est un peu comme Le Petit prince de Saint-Exupéry : jamais personne ne vous le rend. Qui veut se séparer d'une telle oeuvre ? Contrairement au Petit prince qui est inlassablement réédité, la musqiue berbéro celtique, dont les protagonistes se sont culturellement enrichis de ce cousinage, n'ont pas poursuivi l'expérience au-delà de quelques années. Il paraît qu'elle ne s'est pas assez vendue. Certains d'entre eux, comme Thalweg, s'étaient autoproduits.

La production a donc cessé. Le mariage de ces deux traditions n'a pas sombré pour autant. Thalweg (en Breton ?) désigne la ligne de mélange des eaux – pas à la crête d'affrontement des courants mais dans le paisible creux du reflux. Ce mélange reste un acquis pour les artistes initiateurs de la musique celtic-bebère, comme Cheikh Sidi Bémol (dit aussi Ei Ho), le batteur Samy Chiboub, Manu Le Houezec, flûtiste, sonneur de bombarde et saxophoniste (ex de Urban Sax et de Pigalle), Partick Piazza (choeur et basse), Aurélien Guyot (violon), Aziz Sahmaoui, chanteur, ou Fatah Ghoggal à la guitare… Mais aussi les trois flûtistes : Youenn Le Berre (Gwendal), Michel Sikiotakis (Taxi mauve) et Nasredine Dalil (musicien berbère de renom), fondateurs du groupe Mugar et initiateurs du mouvement en 1998.

Le plaisir de jouer ensemble a fait grandir leurs racines dans un même arbre. Les eaux se sont bien mélangées, comme le rapporte l'excellent article de Rabah Mezouane sur gwerz.com.

Ah ! Si tous les gars du monde, lalalala... pouvaient chanter en choeur au rythme des binious bretons et qarqabous maghrébins, gumbri, bombarde, guitares, flûte et banjo !

Vive le métissage ! Ah ? Je l'ai déjà dit quelque part ? Excusez-moi je suis sujette aux idées fixes.

J'espère que vous m'excuserez pour le son qui n'est pas formidable. Mais c'est la seule vidéo que j'ai trouvée en dehors du diaporama de la Galice. Un hommage à Brahim Izri, lors d'un concert du groupe Mosaik en janvier 2007 à Quebec.